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Hommage à Ahmed Bouanani

Cinéaste, monteur, poète et penseur du cinéma marocain

« Ahmed Bouanani est un illustre inconnu » déclare Touda Bouanani à propos de son père dans la vidéo qu’elle lui consacre : Fragments de mémoire. Longtemps spolié de la paternité de l’un de ses films, son œuvre était à la fin de sa vie en passe d’être oubliée : il était seulement connu comme le monteur et le réalisateur de deux des films les plus marquants du jeune cinéma marocain : Traces de Hamid Benani (1970) et Le Mirage (1980), son unique long-métrage. Poète et écrivain, il est pourtant également l’auteur prolifique de poèmes, de romans et d’essais pour la plupart restés inédits, et surtout de trois inoubliables court-métrages : 6 et 12 (1968), et Mémoire 14 (1971) et Les Quatre Sources (1977). Prise dans son ensemble, son œuvre témoigne autant d’un souci d’innover dans les pratiques (pratiques collectives) et les formes (montage, bande-son, onirisme), que de faire œuvre de passeur de patrimoine et de mémoire. Son projet : raconter et réparer la blessure du Protectorat, rétablir la continuité culturelle avec le Maroc précolonial, construire une école cinématographique authentiquement marocaine. Il a de son vivant collaboré avec quelques contemporains (Mohamed Abderrahmane Tazi, Hamid Benani), et surtout tissé des liens d’héritage symbolique ou effectif avec des réalisateurs « prédécesseurs » (comme Mohamed Afifi) et « successeurs » (comme Daoud Aoulad Syad, également mis à l’honneur cette année par le « Maghreb des Films »). Longtemps empêché de réaliser, son entreprise fondatrice a largement été amputée, et n’est pas devenue la référence qu’elle aurait dû constituer pour les jeunes cinéastes marocains. Depuis sa mort, néanmoins, sa fille, Touda Bouanani, et le documentariste Ali Essafi, appuyés ponctuellement par la Cinémathèque de Tanger ou le Centre Cinématographique Marocain, travaillent à faire redécouvrir son œuvre et ses préoccupations mémorielles au public et aux étudiants marocains. (Marie Pierre-Bouthier)

Voir aussi l’article de Marie Pierre-Bouthier dans « Diffractions cinématographiques »

Œuvres publiées
Les Persiennes, éditions Stouky, 1980,
L’Hôpital (roman), 1990 (édition AlKalam, ré-édité chez Verdier (France) en 2012 et DK éditions en 2013 (Maroc).
Territoire de l’instant, avec Daoud Aoulad Syad, La Croisée des chemins, 2000

Filmographie
Tarfaya ou la marche d’un poète, avec M.A Tazi, 1966
6 et 12, avec M.A Tazi et A. Rechiche, 1968
Mémoire 14, 1971
Les Quatre Sources, 1977
Le Mirage, 1980

Programme
Samedi 12 décembre : Initiation à une œuvre singulière
*Le premier et le dernier films :

-Tarfaya, la marche d’un poète (A.B. et M.A Tazi) ;
-Le Mirage (A.B.
*Père et passeur de patrimoine et de cinéma :
-Fragments de mémoire (T. Bouanani),
-Petite histoire en marge du cinématographique (A. B.),
-Trailer d’un film sur Bouanani (A. Essafi),
-Les Quatre Sources (A. B.).
Dimanche 13 décembre : Eléments de compréhension et d’analyse
*Expériences collectives (renouvellement productif du cinéma marocain) :

-6 et 12 (A. B., M.A Tazi, A. Rechiche),
-Traces (H. Benani)
*Vers une école cinématographique marocaine ? (permanence de ses interrogations sur le montage et la mémoire) :
-Mémoire 14 (A.B.),
-De Chair et d’Acier,
-Retour à Agadir (M. Afifi),
-Mémoire Ocre (D.A. Syad),
-Khobzou Bissara (coll.),
-Wanted (A. Essafi).

Toutes les projections se font en présence de Touda Bouanani (fille du réalisateur et plasticienne) et Ali Essafi (réalisateur).

Biographie :
Ahmed Bouanani
Né en 1938 à Casablanca au Maroc, il étudie le montage à l’IDHEC (Paris). A son retour au Maroc, il entre au Centre Cinématographique Marocain (CCM) et se lance, malgré une certaine hostilité de la direction du CCM, dans la réalisation de courts-métrages documentaires, parmi lesquels 6 et 12 (1968) et Mémoire 14 (1971). Désireux de renouveler les méthodes de production marocaine, il participe à la fondation du collectif indépendant Sigma 3 (avec Tazi et Benani). Le collectif est dissous juste après la sortie de Traces (1970), sur lequel il signe le montage. Il écrit plusieurs volumes de poèmes, de nombreux essais et romans pour la plupart inédits (sauf : L’Hôpital) et écrit les scénarios des deux premiers longs métrages du jeune cinéaste Daoud Aoulad Syad, avec lequel il co-signe un livre de poèmes et photographies, Territoires de l’instant (2000). Son seul film de long métrage constitue une date marquante dans le cinéma marocain : Le Mirage / Al-sarab (1979).
Ahmed Bouanani décède le dimanche 6 février 2011 dans le village d’Ait Oumghar (région de Demnate, à une centaine de kilomètres de Marrakech) où il s’était retiré après une série de tragédies familiales. Il avait 73 ans.

Toutes les projections ont lieu au Saint-André des Arts (30 Rue Saint-André des Arts, 75006 Paris)


Samedi 12 décembre à 18h30

Initiation à une œuvre singulière
Le
premier et le dernier films :

TARFAYA OU LA MARCHE D’UN POETE
De Ahmed Bouanani et Mohamed Abderrahman Tazi (Fiction/1966/20’)

Le premier court-métrage d’Ahmed Bouanani raconte l’histoire d’un homme de Tarfaya qui, depuis sa plus tendre enfance, pénétré par la grandeur de son pays, la puissance de sa beauté et la vie de ses ancêtres, part à la recherche d’un grand poète populaire dont on lui a parlé, pour apprendre de lui la sagesse, la musique, et l’art merveilleux du chant et de la poésie.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page du film

 LE MIRAGE de Ahmed Bouanani (Maroc/Fiction/1979/100’)

L’unique long-métrage de fiction d’Ahmed Bouanani constitue une date marquante de l’histoire du cinéma marocain : « Un homme découvre de l’argent dans un sac de farine. C’est le début de la fable qui se situe entre hier et demain, entre le silence et le cri, et qui s’achève comme une désillusion. »

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Samedi 12 décembre à 21h
Père et passeur de patrimoine et de cinéma : 
FRAGMENTS DE MEMOIRE

De Touda Bouanani (documentaire/18’)
Touda Bouanani retrace rapidement le parcours d’Ahmed Bouanani, cet « illustre inconnu ». Elle évoque ensuite sa tâche de sauvetage des manuscrits inédits de son père. 

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PETITE HISTOIRE EN MARGE DU CINEMATOGRAPHE
De Ahmed Bouanani (Maroc/documentaire/1973/6’)

Un court hommage, tourné pour les « Actualités Filmées » marocaines, consacré au père autodidacte du cinéma marocain : Mohamed Osfour.

TRAILER d’un film « en cours » consacré à Ahmed Bouanani

De Ali Essafi (Maroc/18’)

Ali Essafi a capturé, peu de temps avant sa mort, quelques inestimables témoignages d’un talentueux et protéiforme pionnier du cinéma marocain : Ahmed Bouanani.

LES QUATRE SOURCES

de Ahmed Bouanani (Fiction/1978/37’)
L’unique film en couleur d’Ahmed Bouanani est un essai poétique et onirique en arabe dialectal (parole poétique zajal, forme déclamée dans des assemblées populaires). Il suit la trajectoire d’un jeune homme dont le village est incendié et la mère tuée. Il se souvient des paroles de son père sur son lit de mort qui lui conseille d’aller trouver un sage dans les montagnes et part à sa recherche.

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Dimanche 13 décembre à 18h30 : Eléments de compréhension et d’analyse
Expériences collectives (renouvellement productif du cinéma marocain) :

SIX ET DOUZE

De Ahmed Bouanani, Mohamed Abderrahmane Tazi, Abdelmajid Rechiche (Documentaire/1968/18’ )
Vues de Casablanca, véritable symphonie urbaine digne de Walter Ruttmann ou Dziga Vertov, ainsi décrite par l’équipe de réalisation : "Nous avons choisi des images à travers une ville - des instants - temps cloîtré ouvert carapaçonné fenêtres dans le vide des yeux fermés entrebâillés agrippés - absence et solitude des pavés mouillés d’une fête morose qui s’est terminée, peut-être le noir l’a absorbée l’a enfermée, dans des cadenas par delà des clés rouillées immensément grandes et des portes qui ne tiennent plus - soudain l’ombre - soudain le geste le bruit de pas …." (A. Bouanani)

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TRACES/WECHMA
De Hamid Bennani (fiction/1970/110’)
Mekki adopte Messaoud, jeune orphelin de 8 ans. Ne pouvant s’adapter facilement à son nouveau milieu, Messaoud supporte mal les exigences de son père adoptif, commet des actes répréhensibles, et attire sur lui sa colère. Devenu adolescent, il fréquente une bande de délinquants et commet quelques délits mineurs. Il ne veut pas de cette vie marginale. Mais il est pris dans un engrenage qui provoque sa propre perte.

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Dimanche 13 décembre à 21h
Vers une école cinématographique marocaine ? (permanence de ses interrogations sur le montage et la mémoire)

MEMOIRE 14
de Ahmed Bouanani
Maroc/Documentaire/1971/24’ 
Mémoire 14 est à l’origine un poème écrit par Bouanani en 1967. Réalisé à partir des archives filmées du Centre Cinématographique Marocain, le film se veut un récit du Protectorat Français au Maroc, vu par les mémoires nourries de mythes des Marocains.

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DE CHAIR ET D’ACIER de Mohamed Afifi (Maroc/Documentaire/1958/11’)
Evocation du port de la ville de Casablanca, faite de chair et d’acier, avec ses ballets de grues et la marche de ceux qui la peuplent. (Cinémathèque de Tanger)

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RETOUR EN AGADIR
De Mohamed Afifi (Documentaire/1967/11’)
Retour à Agadir, avant et après le séisme de 1960. Le réalisateur décrit ainsi ce court-métrage : « Retour à Agadir n’est pas un documentaire, encore moins un film touristique. Si je devais « le raconter », je dirais qu’il s’agit de la brève course d’une mémoire présentée sous l’apparence d’une statue en plusieurs mouvements. Si cela paraissait insuffisamment clair, j’ajouterais que les strophes qui composent Retour à Agadir constituent un ouvrage fermé. »

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MEMOIRE OCRE
De Daoud Aoulad-Syad (Maroc/Documentaire/1989/17’
L’itinéraire d’enfance du réalisateur à travers la ville de Marrakech, fait il y a quelque années, photographies du passé, porteuses d’un message ou non, intérieures ou extérieures, tendres ou cruelles, liées dans un film établissant un va et vient entre le mouvement dans l’image et le caméra, le blanc et la couleur, le passé et le présent.

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KHOBZ OU BISSARA (Maroc/2012/…/11’)
De Sanaa Zaher, Amina El Youssoufi, Youssef Belkhadir, Mohamed Elafifi, Bad Sektaoui
Film d’atelier encadré par Ivan Boccara et Ayoub el Jamal

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WANTED / AL HAREB / LA FUITE
De Ali Essafi (documentaire/2011/24’)
Les années soixante-dix au Maroc. Les révoltes étudiantes revendiquent liberté et démocratie. Pour échapper aux arrestations de masse, Aziz accepte de vivre sous une fausse identité. Puissante évocation d’un parcours militant sur fond de répression durant les années de plomb.

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RFI est partenaire de la 7e édition du Maghreb des Films du 5 novembre au 15 décembre à Paris.
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Plus de soixante films, longs métrages et courts métrages, fictions et documentaires seront présentés en partenariat avec RFI.

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