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Diaspora

Synopsis

L’histoire d’une Tête qui vit seule dans un fauteuil roulant pendant de longues années dans son Appartement au centre-ville de Tunis. Elle tombe dans la routine en subsistant sur les médias, jusqu’à ce qu’un jour elle soit surprise par une annonce d’emploi. En fin compte, elle finit par abandonner son isolement et quitte son fauteuil roulant.

Réalisateur(s) : Aboutaleb, Aladin

Pays de production : Tunisie

Type : Court métrage

Genre : Animation

Titre original : شتات

Année : 2015

Durée : 12’

Scénario, montage, animation, effets spéciaux : Aladin Aboutaleb

Image : Abdelbar Mahmoud

Décors : Marwan Gallah , Asma Kouraichi

Production : Key Pictures

Bande Annonce

« Diaspora » d’Alaeddin Aboutaleb : la contre-révolution en images animées (Article de Adnen Jdey- Extrait)

C’est la drôle histoire d’une tête sans corps, probablement celle du sosie d’un président aux trois initiales. Clouée sur une chaise roulante, cette tête vit seule au soir de sa vie. Sans le moindre trait, engloutie dans la routine elle est recluse dans un vieil appartement délabré. Il fallait qu’une annonce d’emploi glisse inopinément sous la porte pour que cette tête sorte de son isolement. Dans le placard, les parties du corps n’attendront pas longtemps pour se recomposer.

Sans doute, tout cela serait plus ou moins convenu si Alaeddin Aboutaleb ne posait un regard d’entomologue sur la révolution tunisienne. Mais ce qui permet au cinéaste d’aller plus loin sans pour autant forcer le trait, c’est le style, une manière sobre de conduire son récit. En effet, la donnée fictionnelle de Diaspora sert d’écrin, de façon troublante, à l’épisode de la « transition démocratique » qui a fait revenir, après le 14 janvier, les pions de l’ancien régime sur l’échiquier politique. Et c’est la tête qui charrie les pièces du dossier. Lancé sur les rails d’un huis-clos, Diaspora glisse du coup d’œil au clin d’œil, de la petite histoire à la fiction, hissant par là un film d’animation à la hauteur d’une parabole politique.

... La virtuosité de Diaspora tire assurément sa force de la grande flexibilité avec laquelle Alaeddin Aboutaleb passe alliance entre deux grammaires, filmique et plastique, sans couture apparente. Mais elle ne vient pas seulement du fait que la caméra, discrète et épieuse, laisse circuler un peu de brise entre la tête, sa conscience et le spectateur. Si elle nous cloue sur notre siège aussi solidement que la tête bloquée sur son fauteuil roulant, la fiction fonctionne ici comme matière à tropes. Il y va sans doute de la métaphore lorsque la vieille tête, murée dans sa solitude, vaut pour un pouvoir politique en hibernation. Il y va encore de la métonymie lorsque le décor raréfié et villiot de l’appartement vaut en contrepoint pour le temps révolu d’une dictature. Mais il y va surtout de l’allégorie lorsqu’un système politique se recycle en douce, à la manière d’un corps recomposé.

Sous des airs de film en stopmotion esthétisant, Diaspora distille une singulière intelligence critique avec cette subtile rhétorique dénonçant la confiscation de la révolution et le retour de l’ancien système. Parce qu’il réussit, comme peu d’autres, à nous faire réfléchir sur l’écart fécond entre la représentation filmique et ses référents, Diaspora nous rappelle avec brio l’une des façons dont le cinéma d’animation, sans trop se prendre la tête, arpente les coulisses des politiques rampants.

Festivals

Festival du Film de Carthage, 2015 (Tanit d’Or)

Festival International du Film de Dubai, 2015

Regards d’Afrique, Festival du court-métrage, Clermont-Ferrand 2016

Arab Film Festival, Berlin

African Film Festival (FCAT), Tarifa / Tanger (Espagne / Maroc)