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Guerre secrète du FLN en France

Synopsis

La guerre menée par le FLN sur le sol français, transportant pour la première fois dans
l’Histoire une révolution populaire sur le sol du pays occupant.
Une histoire encore méconnue du public français et algérien.
Agents secrets, combattants sacrifiés, conflits entre militants algériens, attentats, hommes de l’ombre, avocats et intellectuels, mais aussi, doutes, espoirs brisés et, au final, un combat qui se gagne ici, en France : la fin d’une guerre de sept années et l’indépendance d’une nation.

Thèmes : Guerre d’indépendance algérienne

Réalisateur(s) : Bensmaïl, Malek

Pays de production : France

Type : Long métrage

Genre : Documentaire

Edition du festival : Maghreb des films novembre 2010

Année  2010 / 110’

Image Lionel Jan Kerguistel

Production YAH Productions, France 2.

Commentaires de Marion Pasquier
Guerres secrètes du FLN en France, dernier documentaire de Malek Bensmaïl (diffusé sur France 2 lors de la sortie de Hors-la-Loi de Rachid Bouchareb) se penche sur le combat mené par le FLN sur le territoire français lors de la guerre d’Indépendance. Histoire extraordinaire, puisque c’était alors la première fois qu’un combat était mené sur le sol ennemi, et histoire peu connue, tant en France qu’en Algérie.

Le film est divisé en chapitres, qui renvoient chronologiquement à différentes périodes de la guerre : la lutte fratricide entre le mouvement naissant FLN et celui, plus ancien et moins radical, du MNA (Mouvement National Algérien) ; l’action clandestine urbaine du FLN et la répression qui s’ensuivit sur l’ensemble de la population algérienne ; le soutien d’intellectuels français, indispensable à la victoire ; l’Indépendance. En alternance avec des images d’archives inédites, des acteurs de l’époque témoignent, face caméra et sur fond noir. Ils racontent des faits précis, datés, mais aussi les sentiments qui ont jalonné leur combat, les espoirs, les doutes, les joies. Par delà la donne historique, les émotions sont là et ils les laissent aller (un ancien membre du FLN semble se faire surprendre par ses larmes lorsqu’il évoque sa mère restée en Algérie et qu’il ne pouvait voir pendant la guerre).

Malek Bensmail n’intervient pas, ne pose pas de questions, n’oriente pas les récits. Il les accompagne tout de même en donnant des chiffres qui soulignent l’injustice de la répression du mouvement indépendantiste par le gouvernement français, qui traitait de la même façon fanatiques FLN et travailleurs musulmans. Le témoignage de Jacques Vergès, avocat du FLN de 1958 à 1962 avant de se faire suspendre de ses fonctions, est éloquent : selon des accords de Genève, la France n’avait pas le droit de condamner à mort les membres du FLN, ce qu’elle a pourtant fait. Si l’Indépendance a évidemment été accueillie dans la joie, les intervenants parlent aussi du sentiment de tristesse ressenti à l’idée de toutes les souffrances traversées pour obtenir ce qui n’était que légitime. Le film s’achève sur les propos d’une femme disant qu’elle ne se prononcera pas sur ce que la France a ensuite fait des algériens restés dans le pays. Belle occasion d’ouvrir l’Histoire sur une actualité.

Le spectateur lambda ne peut savoir ce qui relève ici de l’inédit, de la révélation. Mais grâce au soin qu’accorde Malek Bensmaïl à nous donner des repères, à nous guider, nous restons réceptifs à la somme d’informations qui nous est donnée, ainsi qu’à la composante humaine qui l’accompagne.

Extrait de Critikat

A propos…
Entretien avec Malek Bensmaïl, L’Expression.
- On croit savoir que vous préparez actuellement un nouveau documentaire portant sur la Wilaya VII ou la Fédération de France du FLN, est-ce exact ?
Oui ! C’est un documentaire sur la guerre du FLN en France. Il s’inscrit dans la ligne de ce que j’aime faire.
Il s’agira de revenir sur cette histoire, en tentant de donner la parole à tous ces témoins de la Fédération de France du FLN qui ont mené des actions, ainsi qu’à des intellectuels de gauche en France qui ont accompagné la Fédération, ceux qui ont mené des attentats, ceux qui ont mené la bataille de l’écrit, c’est-à-dire des éditeurs, notamment Maspéro, un éditeur suisse qui a accompagné la guerre d’Indépendance.
Il s’agira aussi de donner la parole à des anciens de la DST en France qui ont torturé, arrêté des combattants du FLN.
Il s’agira de faire un film sur un sujet qui n’a jamais été abordé avant, en tout cas sur cette fameuse Wilaya VII, avec une vraie mise en perspective historique.


- Peut-on connaître les personnes que vous avez interviewées ou êtes en train d’interroger en ce moment ?
Il y a toutes les personnalités, je dirais, qui étaient dans la Fédération de France. On a une liste de personnalités qui étaient extrêmement actives, celles qui étaient dans l’Organisation spéciale, celles qui étaient des agents de liaison, celles qui ont posé des bombes.
- Un mot sur la préparation de ce film... ?
Cela se prépare avec des repérages, des prises de contact, on filme essentiellement à Alger puis une partie en France, avec un gros travail de recherche d’archives. Il va y avoir un peu de la Télévision algérienne, mais le plus gros va se faire surtout au sein de l’INA, de la Rtbf, la Télévision belge, enfin là où on trouvera des documents inédits.
- Pourquoi un tel film au jour d’aujourd’hui en pleine crise algéro-française ? Ou est-ce parce que, peut-être, c’est le moment, car les archives commencent à être dévoilées et les langues sur l’histoire à se délier ?
On commence à ouvrir les archives et puis je pense que c’est un point de l’histoire qui n’a jamais été raconté, c’est-à-dire qu’on a beaucoup ciblé l’histoire algérienne uniquement sur son territoire, à travers ses cinq wilayas (collectivités territoriales), jamais sur ce qui s’est passé à l’étranger.
Or, il y a eu beaucoup de réseaux.
 On a parlé, soit du réseau Jeanson en France ou des choses comme ça. Il y a eu effectivement de vrais combattants sur le territoire français qui ont entrepris des actions, posé des bombes, mené des attentats. C’est cette partie-là qui m’intéresse, car elle a été quelque peu occultée.

Un cinéaste est là, pas pour rétablir des vérités, mais pour réinscrire certaines choses mises à l’écart.

Il y a eu aussi une guerre fratricide énorme entre les militants du MNA, (le Mouvement National Algérien de Messali Hadj) et le FLN, qui s’est soldée par 4000 morts. Ceci n’est pas enseigné dans les manuels scolaires.

Je pense que c’est important aujourd’hui de réhabiliter cette histoire, quitte à ce qu’elle fasse mal.
Pourquoi aujourd’hui ? Car ces vieux combattants sont en train de disparaître tous.
 Et s’il n’y a pas de documentariste qui pose la question et dise « je dois enregistrer cette mémoire et ces visages-là, ces témoignages », personne ne le fera ! Et il y en a déjà qui sont partis. C’est urgent aujourd’hui d’enregistrer cette mémoire-là. Donc, je ne suis pas du tout dans cette actualité entre gouvernants. Je m’inscris à l’opposé de ce qui se passe dans la haute sphère. Cela ne m’intéresse pas.