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H’na Barra (Nous, dehors)

Synopsis

Un espace public masculin, des corps de femmes qui dérangent. Ni les hommes ni les femmes ne savent quoi faire de ce corps féminin.
Ce film est la rencontre de femmes en quête de sens qui s’interrogent pour se confronter à leur propre histoire individuelle.
Qui sont-t‘elles aujourd’hui face à la confusion d’une société qui ne « sait pas quoi en faire » alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses à être dehors, dans cet espace public ? Une société imprégnée de convictions religieuses et d’ignorance de l‘autre fait d’elle une cible permanente.

Thèmes : Statut des femmes , Société maghrebine

Réalisateur(s) : Achour-Bouakkazs, Meriem , Bencheikh El-Fegoun, Bahia

Pays de production : Algérie

Type : Long métrage

Genre : Documentaire

Année : 2014

Durée : 52’

Scénario : Bahia Bencheikh El Fegoun et Meriem Achour Bouakaz

Image : Jean-Marie Delorme

Son : Moncef Taleb

Montage : Pascal Cardeilac, Nadia Benrachid

Production/distribution : Allers-Retours Films

Bande Annonce et entretien avec Bahia Bencheikh el Fegoun

Extrait d’un entretien réalisé par Nejma Rondeleux

Le film de Bahia Bencheikh-El-Fegoun et Meriem Achour Bouakkaz traite de la question du voile. Un sujet sensible pour ne pas dire tabou mais “qu’on ne peut pas éluder quand on vit en Algérie” estiment les deux réalisatrices qui ont donc cherché à comprendre ce qui se cache derrière.“Se poser la question du voile aujourd’hui c’est se demander comment la femme est perçue et donc parler de la place de son corps dans la société”, Bahia Bencheikh-El-Fegoun

“H’na Barra ”, c’est l’histoire d’une jeune fille nommée Manel qui se sent prisonnière de son choix de porter le voile et part donc à la recherche du sens de son hidjab. Sur le chemin de sa quête, elle va croiser quatre autres femmes. La première, Zahia, qui a une soixantaine d’années et a connu une autre Algérie, est une femme dans une grande assurance de qui elle est et ce qu’elle fait, dans le film elle dit “je décide de mon sort” ! La seconde, Sihem, qui a plutôt la cinquantaine, vit une très belle relation à Dieu lui permettant d’être sereine même si elle fait exception dans son milieu en ne portant pas le voile. Zahia et Sihem montrent que d’autres modèles sont possibles, elles sont là pour dire le droit à la différence.

Manel rencontre ensuite deux femmes du même âge qu’elle : Hayet, 25 ans et Youssra, 26 ans, qui ont connu la même Algérie qu’elle. Hayet a choisi de retirer son voile dans une ville très conservatrice qu’est Sétif. Youssra qui est voilée exprime de façon magnifique toute la complexité de la situation faîte de joie et souffrance. Au fur et à mesure, on s’aperçoit que toutes les réponses que Manel cherchent chez les autres se trouvent en fait en elle-même. Au fond, c’est le propre de la condition humaine : les réponses sont en nous, même si les choix sont souvent difficiles à faire et que le prix de la liberté n’est pas toujours simple.

Quelles ont été les réactions du public ?

Jusqu’à présent, l’accueil a été favorable. Il y a toujours une ou deux voix critiques ou dans la polémique car c’est un sujet sensible et tabou mais je pense que les gens ont besoin d’entendre ces témoignages. Deux reproches reviennent constamment. Le premier c’est que notre film est pessimiste. Même si on a complètement refusé de mettre nos cinq témoins dans un statut de victimes, c’est une triste réalité, une dure réalité que nous voulions montrer car la violence fait partie du quotidien.

Le second reproche est que les hommes sont absents. Dès le départ, nous avons choisi de donner une certaine image des hommes, très partiale et très objective, qui est celle de prédateurs. C’est notre parti pris, c’est un choix de réalisation. Je suis entourée d’hommes formidables et heureusement qu’ils existent mais pour ce film nous voulions montrer un certain statut de l’homme.