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Hymen national, malaise dans l’Islam

Synopsis

C’est un réquisitoire impitoyable contre le mythe de la virginité dans la société tunisienne et, plus généralement, dans l’Islam.
L’auteur a été incarcéré deux fois pendant le tournage. Les sbires de Ben Ali n’en voulaient pas.
Le film a été censuré par le pouvoir tunisien. C’était une autre époque.
Le film deviendra-t-il un emblème de la nouvelle Tunisie ? Et d’ailleurs où va la Tunisie ? Et s’il y avait danger pour la laïcité ?

Thèmes : Statut des femmes , Société maghrebine

Réalisateur(s) : Mokni, Jamel

Pays de production : Tunisie

Type : Long métrage

Genre : Documentaire

Année 2011 / 58’

Scénario Jamel Mokni

Image Thanh Van Pham.

Son Aymen Brayek et Walid Ouerghi.

Montage Aïn Varet

Production À Bout de Souffle Production (Belgique) - National
Cinematographic (Tunisie). Contact : contact@absprod.be

Interview du réalisateur par Jeune Afrique

Jeuneafrique.com : Quel est le message de votre film ?

Jamel Mokni  : Qu’une fille qui a perdu sa virginité ne doit pas avoir honte parce que c’est un acte normal, ordinaire. Pourtant, quand une fille a perdu sa virginité, elle a tout perdu : on la traite de pute, et tout le monde veut coucher avec elle ! J’ai fait le film pour dénoncer l’omerta, le black-out, le silence. Pour changer la mentalité, le regard des gens. D’autant qu’en Tunisie la moyenne d’âge du mariage des filles est d’environ 28 ans. Alors de leur puberté, vers 14 ans, à 28 ans, qu’est-ce qu’elles vont faire ? Le problème se pose réellement car une fille en bonne santé va avoir des envies, et donc des relations sexuelles.

Vous donnez la parole aux partisans et aux opposants de la virginité mais vous avez clairement un parti pris…

Pour moi, un documentaire doit avoir un point de vue documenté. Je connais très bien le sujet, j’ai rencontré pratiquement tout le monde mais, oui, j’ai mon point de vue, clair et net. On voit la souffrance de ces filles… Ce film est un film de droits de l’homme. Je défends les droits de la femme à avoir une relation sexuelle avant le mariage.

Il y a une hypocrisie sociale sur la virginité…

Les hommes veulent avoir des relations avec les filles qui ont perdu leur virginité, mais après ils veulent se marier avec des filles vierges ! Mais si le vrai problème est dans la tête des hommes, il l’est aussi dans la tête des femmes : elles ont intériorisé qu’une fille doit être vierge le jour du mariage. Du coup, elles essaient de transmettre cette idée à leurs filles et à leurs garçons.

Votre film a été bien reçu lors de la projection-débat, mais vous avez des détracteurs. Que vous reprochent-ils ?

Comme la production a été financée par la Belgique, quelques conservateurs pensent que le film est une tentative des pays occidentaux de nuire à la réputation de la Tunisie ou de régler leurs comptes avec le pays à travers ses ressortissants. Mais ce n’est pas vrai !

Votre film est dédié à Tahar Haddad. Qui est-il ?

En 1930, ce syndicaliste tunisien très actif a écrit le livre Notre femme dans la charia et la société. Il explique d’une façon très scientifique qu’il est contre la polygamie, la répudiation… et tout ce que Bourguiba [l’ancien président tunisien Habib] a dénoncé par la suite. Tahar Haddad a été empêché de terminer ses études de droit, il a dû s’exiler. Et il est mort à 36 ans d’une crise cardiaque, suite à une tuberculose. À son enterrement, il n’y avait que cinq personnes parce qu’il représentait la honte : “Il a défendu la femme ? Comment ça se faisait qu’il la défende ?” À l’époque, c’était inadmissible.

Biographie
Né en 1964, nord de la Tunisie. Il intègre la
faculté de sciences de Tunis, où il crée un
cinéclub. En 1990 il part étudier le cinéma
en Belgique. Il réalise des publicités, des
magazines, des clips et plusieurs courts
métrages.
En 1999 il crée sa société de
production À Bout de Souffle Production