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Raja Bent El Mellah

Synopsis

Najat, une fille qui se trouve emportée dans une aventure cinématographique avec le réalisateur français Jacques Doillon en participant dans son film Raja, ce qui lui permet de remporter le prix du meilleur espoir féminin au festival de Venise et meilleure actrice au festival du film de Marrakech . Des récompenses qui devraient lui ouvrir les portes du bonheur. Une chimère !

Réalisateur(s) : Eljaouhary, Abdelilah

Pays de production : Maroc

Type : Long métrage

Genre : Documentaire

Année : 2015

Durée : 70’

Scénario : Abdelilah Eljaouhary

Image : Fadil Chouika

Son : Taoufik Mikraz

Montage : Mohamed Ouazzani

Avec : Najat Bensalem, Oum Laid Ait Youss, Halima Bensalem, Pascal Grégory

Bande Annonce

La scène s’ouvre sur une cérémonie de remise des prix au festival de cinéma de Marakech. Les animateurs annoncent le nom de Nadjat pour le prix de la meilleure actrice mais celle-ci tarde à apparaître.

On s’attend comme le veut la tradition à l’émergence dans le public trié sur le volet d’une star avec strass et paillettes. Rien ne se passe et on se résout à remettre le trophée à des actrices du même film. La caméra nous entraîne ensuite dans les bas-fonds de la cité millénaire. Des murs lépreux, des ruelles éventrées et des détritus qui jonchent le sol. Le contraste est saisissant. Au fond d’une pièce insalubre, une jeune fille aux allures d’une marginale raconte un pan de sa vie. C’est elle la star qui était attendue, la lauréate du prix de la meilleure actrice au festival de Marakech, qui exhibe maintenant ses distinctions, celles qu’on lui a remis ultérieurement (inclus le prix Marcello Mastroianni décerné à la Mostra de Venise) et qui sont cassées et dégradées mais auxquelles elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Malgré la misère, elle refuse de vendre ces objets qui lui rappellent qu’un jour elle avait joué dans un film à succès, « Raja » de Jaques Doillon (2003). Najat n’est pas tombée en disgrâce pour avoir commis un impair. Elle est seulement la victime collatérale du monde parfois impitoyable du cinéma. Désœuvrée mais intelligente, elle survivait et survit encore en se débrouillant comme elle peut en vendant des cigarettes à l’unité. Les clients l’interpellent dans la rue car elle est reconnaissable au bruit de la monnaie qu’elle fait tinter dans sa main comme si elle jouait un rythme, celui de sa vie.

Le documentaire saisissant du marocain Abdel Ilah el Djaouhari suit le vécu de cette « actrice d’un jour » depuis plusieurs années. Le monde du cinéma ne la reconnait plus. On lui refuse même l’accès au festival qui l’a pourtant un jour élevé au rang de star. Elle s’accroche en fréquentant comme elle peut les plateaux de tournages, là où on la laisse déambuler dans l’espoir qu’un jour quelqu’un fera appel à elle pour un autre rôle. Les propositions tardent à venir et Najat vieillit, prend déjà du poids. Parfois pris au jeu, le spectateur oublie qu’il a affaire à un documentaire et s’attend à ce que la magie du cinéma opère pour réhabiliter cette jeune femme captivante par sa sincérité. Mais rien ne se passe. On est dans le réel où il n’y a pas forcément de happy-end. Le documentaire poignant qui traite d’une problématique inédite mais qui existe.

Djamel Benachour

Festivals

17ème Festival National du Film - Tanger 2016, Maroc (Prix spécial du jury / Prix de la société Arcane (Espagne) pour la meilleure première oeuvre)